Reportage : l’installation d’un jeune viticulteur près de Montmélian
Fabien Trosset a en poche un Bac pro vigne et vin décroché au Lycée Bel Air près de Belleville dans le Rhône. Il s’est installé progressivement avec le soutien du Crédit Agricole des Savoie.
Comment s’est déroulée votre installation ?
Fabien Trosset : « On ne peut pas parler d’un long fleuve tranquille. À l’origine mon père avait une exploitation de polyculture avec 8 ha de vigne sur Arbin et il livrait à la cave coopérative de Cruet. En 2007, après l’obtention de mon Bac Pro, je pars directement travailler comme salarié chez un vigneron à Cruet, mais son décès accidentel précipite les décisions. Son épouse continue l’exploitation, puis Philippe Grisard reprend les vignes et les salariés. C’est avec lui que mon projet d’installation va mûrir, en m’incitant à faire du vin sur les terres familiales. En 2011, mon père décède et mon installation devient une évidence, avec un départ progressif de la cave coopérative. Avec le soutien de Philippe Grisard je vinifie 6 000 bouteilles en 2012, que je vends directement dès le départ ».
Vous vous êtes installé avec une dotation jeune agriculteur ?
Fabien Trosset : « En fait non. Comme les taux des prêts étaient bas, je n’ai pas fait de démarche pour une DJA, ni pour des prêts bonifiés. Mon installation a été progressive. En 2013, je reprends 2 ha à proximité en achat et en location, puis en 2014 une exploitation de 7 ha sur Arbin. J’ai également replanté 1 ha de vigne ce qui fait qu’actuellement j’exploite 14 ha en Mondeuse d’Arbin, 1,5 ha en Chignin Bergeron, 1 ha en Roussette de Savoie et 60 ares en jacquère et chardonnay. L’objectif est d’atteindre les 19 à 20 ha en fin d’année, en diversifiant sur des anciens cépages (verdesse, persan, mondeuse grise et mondeuse blanche) et ce sera suffisant pour faire de la vente directe. Je travaille avec mon épouse sur le Domaine et nous embauchons des saisonniers, auprès d’Agri-Emploi 73, pour les vendanges, la taille, et 7 à 8 personnes sur les trois mois d’été. Notre volonté est de continuer sur une vendange manuelle, d’autant plus que 92 % de la vigne est dans le coteau ».
À quel moment avez-vous fait appel au Crédit Agricole des Savoie ?
Fabien Trosset : « Depuis toujours en fait ! Mes parents ont toujours été fidèles à cette banque. Dans les années difficiles de la cave coopérative, ils ont apprécié de pouvoir compter sur leur banque pour passer le cap des trésoreries difficiles. Donc je ne me suis pas posé de question, et pour mon projet de nouveau bâtiment, je n’ai même pas comparé leur offre à celles de leurs concurrents ! Jeanne-Hélène Vuillard est la chargée d’entreprise agricole sur le secteur. Elle est surtout spécialisée sur la viticulture et j’ai travaillé principalement avec elle. J’ai apprécié sa connaissance des chiffres de la production viticole. Avec un investissement assez lourd pour ce nouveau bâtiment (terrain compris), il fallait que je sois certain de la réussite de mon projet. Au départ, je voulais « réduire la voilure » en achetant des cuves d’occasion. C’est elle qui m’a dit « que c’était le projet de ma vie et que pour faire des bons produits, il fallait mettre les moyens ». Donc, j’ai foncé avec le Crédit Agricole ! Pas les yeux fermés, car il faudra bien rembourser les mensualités sur les 20 ans à venir. Le Crédit Agricole et mon comptable m’ont aussi bien accompagné pour bénéficier des aides FranceAgriMer. J’ai d’ailleurs reçu un acompte de près de 40 % de cette aide très rapidement. J’ai découvert ça un matin en regardant mes comptes sur mon smartphone, c’était une bonne nouvelle ! J’ai maintenant un bâtiment pour tout faire sur place : matériels, vinification, stockage, bureau et caveau. Je suis situé en zone artisanale à proximité des grands axes routiers, pas très loin de mes vignes. Et surtout je reste sur la commune d’Arbin, une petite commune de 171 ha, auquel je suis très attaché. D’autant plus qu’au fil du temps, il ne reste plus que cinq viticulteurs sur cette commune. Je suis donc fier de perpétuer la viticulture sur ma petite commune ! ».
Propos recueillis par Claudine Lavorel – « Terres des Savoie ». Crédits photos : Terres des Savoie